Histoire

France 3, bourreau de la Révolution Française ?
 
Le 29 janvier 2013, Jean-Luc Mélenchon et Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de Gauche, ont adressé une lettre à M. Rémy Pflimlin, Président de France Télévision, pour protester contre le contenu d’une émission du magazine d’histoire, « L’ombre d’un doute », diffusée sur France 3, sous le titre « Robespierre, bourreau de la Vendée ? » Ils demandent à M. Pfimlin d’accorder au plus vite un droit de réponse aux nombreux historiens et universitaires qui ont déjà protesté contre les mensonges et approximations scandaleuses de cette émission.

« Monsieur le Président,
 Pour la troisième fois en moins d’un an, France 3, chaîne de télévision du service public, a diffusé la semaine dernière, une émission nommée « Robespierre : bourreau de la Vendée ? », épisode du magazine historique « L’ombre d’un doute », présenté par M. Franck Ferrand. Le contenu de cet épisode est un offensant et grossier plaidoyer à charge contre la Révolution de 1789, truffé d’erreurs et dangereusement orienté vers une banalisation de l’idée de génocide.   

Il semble qu’après le 7 mars et le 16 août 2012, puis le 23 janvier 2013, dates des trois précédentes diffusion, il soit prévu une quatrième diffusion le 4 février prochain. Quatre diffusions en moins d’un an, cela nous semble assez exceptionnel pour exprimer une intention politique avérée.

Nous nous adressons à vous pour protester avec la plus grande fermeté contre le fond et la forme de cet épisode. Avec la majorité des historiens et universitaires, nous le jugeons scandaleux et absurde. Votre attitude est également condamnable lorsque vous conduisez le service public à rediffuser étrangement cette émission malgré sa grande médiocrité.
C’est pourquoi notre démarche, inhabituelle vous en conviendrez, ne se limitera pas à une protestation. En fonction des responsabilités qui sont les vôtres et d’une certaine idée du service public, nous demandons un clair sursaut pour essayer de réparer les dégâts qui ont été produits parmi ceux qui, se croyant à l’abri des manipulations, auront fait confiance au service public.

Le contenu idéologique, politique et historique, de cette émission de 52 minutes la range clairement dans l’arsenal de la propagande grossière. Elle reprend à son compte toutes les calomnies et les mensonges contre-révolutionnaires et anti-républicains d’inspiration d’extrême droite et monarchistes, qui persistent depuis plus de deux siècles.
Dès son titre racoleur, « Robespierre, bourreau de la Vendée ? », le ton est donné. Dans la mesure où ce titre se concluait par un point d’interrogation, le téléspectateur aurait pu penser que cette émission, rétablirait les faits historiques, sur la prétendue responsabilité personnelle de Robespierre dans la guerre de Vendée et dans les massacres commis lors de cette guerre civile. Dois-je vous rappeler que cette guerre dura dans sa première phase de mars à décembre 1793, puis de janvier 1794 au traité de la Jaunaye signé le 17 février 1795 dans sa deuxième phase, alors même que Maximilien Robespierre était mort depuis le 28 juillet 1794 ?

L’émission ignore les réalités les mieux établies par le travail des historiens : jamais Robespierre n’a commandé la « destruction » de la Vendée. Il n’a d’ailleurs jamais pris spécifiquement position sur le sujet lors de ses interventions à la tribune de la Convention. Cela, le téléspectateur ne le saura pas. C’est même l’inverse. Pour ceux qui ont fabriqué cette émission, il faut encore alimenter, avec des approximations et des affirmations péremptoires, la légende noire antirobespierriste de l’extrême-droite monarchiste.
Mais, notre indignation ne vient pas seulement de ces violentes charges, sans aucun fondement sérieux, portées contre le personnage emblématique de Maximilien Robespierre. D’un certain point de vue, hélas, nous avons l’habitude.

Nous protestons avec force car c’est la Révolution française elle-même qui est calomniée au cours de cette émission. Comment, en tant que citoyen français, avez-vous pu laisser se répandre les insinuations selon lesquelles la Révolution, ses armées et ses principaux dirigeants, annoncent le nazisme et Adolf Hitler ? Etes-vous négationniste ? Comment avez-vous pu laisser – un journaliste, animateur de l’émission – rediffusée trois fois – conclure avec beaucoup d’aplomb que les armées républicaines dirigées par Turreau « préfigurent les Einsatzgruppen » nazis ? C’est intolérable.

La plupart des historiens étudiant la Révolution française sont indignés par ce genre d’amalgame et par les nombreuses fausses affirmations proférées lors de cette émission. De nombreux articles ont été publiés sur des sites scientifiques et universitaires pour en dénoncer les mensonges et falsifications. Deux des meilleurs spécialistes de la Révolution française, tous deux professeurs d’Université, dans une tribune qu’ils ont publiée, ont même qualifié cette émission de « splendide leçon d’anti méthode historique » [1].
Ce n’est pas tolérable ! Nos concitoyens, et notamment les jeunes générations, ont droit à un service public de qualité qui ne travestit pas notre Histoire nationale en donnant la parole à des théories fumeuses, totalement marginales. Pour arriver à ces comparaisons et parallèles aussi stupides qu’ignobles, le vocabulaire inadapté de « génocide vendéen » fut plusieurs fois utilisé à la fin de l’émission pour décrire les évènements tragiques qui se sont produits entre 1793 et 1795, et même plus tard d’ailleurs.

Ce concept bricolé de « génocide vendéen », uniquement utilisé par quelques provocateurs à des fins polémiques et politiques pour salir la République, n’est pas acceptable. Ce terme de « génocide » est clairement, dans le cas historique présent, rejeté par l’immense majorité des historiens et des universitaires qui ont étudié cette période et cette question. Chacun a compris qu’il vise à assimiler par des raccourcis et des approximations, les effets terribles d’une guerre civile, qui a coûté la vie directement ou indirectement à un nombre de personnes compris entre 120 et 170 000, avec la volonté délibérée des responsables nazis d’éradiquer la totalité des juifs d’Europe, ce qui coûta la vie à 6 millions de personnes, durant la seconde mondiale en raison d’une idéologie antisémite. Ce genre d’approximation est une véritable incitation au relativisme et par conséquent au négationnisme.
La spécificité et l’ampleur du génocide qu’ont subi les juifs d’Europe se voient ainsi relativisées, et seront à terme niées, si l’on tolère que le mot de « génocide » soit utilisé dans n’importe quels contextes et conditions historiques. A ce titre, il n’est pas étonnant que M. Jean-Marie Le Pen, président d’honneur du Front National, qui fut un des seuls responsables politiques a considéré publiquement que « les chambres à gaz sont un détail de la seconde  guerre mondiale »,soit aussi celui qui dès 1987 à déposé une proposition de loi demandant la reconnaissance du « génocide vendéen ».

Plus de deux décennies plus tard, il est frappant de constater que la dernière diffusion de cette émission a eu lieu exactement la semaine où des parlementaires UMP et FN ont déposé une nouvelle proposition de loi reprenant la même proposition que M. Le Pen. Cette émission a indiscutablement servi de caisse de résonance à leurs mensonges. Nous considérons que la mission du service public n’est pas d’alimenter, en déformant l’histoire, la pire propagande de l’extrême droite française, hélas ici rejointe par des députés de droite.
C’est pourquoi nous demandons que le service public accorde un droit de réponse aux historiens et aux spécialistes reconnus de la Révolution française, pour qu’ils puissent rétablir la vérité historique à propos de la Vendée et mettre en pièce les nombreux mensonges qui ont été déjà diffusés sur France 3. 

« La liberté commence où finit l’ignorance » écrivait Victor Hugo. Pour mieux bâtir le futur, une Nation de citoyens libres a droit à la vérité et à la connaissance, particulièrement au sujet de son passé et de l’histoire de la Révolution française qui subit depuis trop longtemps tant d’attaques.

Enfin, de manière plus générale, nous attendons de votre part que vous preniez toutes les mesures pour que le contenu des émissions à caractère historique diffusées par le service public, soit marqué d’un esprit de sérieux et de rigueur historique.
Dans l’attente de votre réponse, recevez M. le Président, l’assurance de nos sincères salutations républicaines. »
Jean-Luc Mélenchon
Co-président du Parti de Gauche
Député européen
Alexis Corbière
Secrétaire national du Parti de Gauche
Conseiller de Paris




Hôpital Joseph-Ducuing
L'hôpital de Varsovie fut créé par l'état-major de l’Agrupacion de guerilleros españoles FFI de Toulouse au mois de septembre 1944, dans un château situé rue de Varsovie, dans le quartier Saint-Cyprien. Le but était alors de soigner les blessés des unités de guérilleros qui s'étaient battu en France contre les nazis aux côtés de la Résistance. Il reçut également les républicains blessés lors de l'invasion du Val d'Aran, qui avaient tenté en octobre 1944 de reprendre la guerre contre Franco, mais avaient dû reculer. Après la démobilisation des guérilleros espagnols, l'hôpital militaire devient un hôpital soignant des civils. L'hôpital resta cependant la propriété de l'« Amicale des anciens FFI et résistants espagnols ».
Mais, à la fin des années 1940, la situation des anciens résistants espagnols était de plus en plus mal vue par les autorités françaises - plusieurs Espagnols étaient connu pour leur activisme militant, comme anarchistes ou communistes. Le 7 septembre 1950, lors de l'opération Boléro-Paprika, 404 militants furent arrêtés dans toute la France1. Le 7 octobre 1950, l'« Amicale des anciens FFI et résistants espagnols », considérée comme suspecte aux yeux du gouvernement fut dissoute par arrêté du ministre de l'Intérieur Henri Queuille.
Aussi le conseil d'administration de l'Amicale confia la direction de l'hôpital au professeur Joseph Ducuing, Français qui s'était engagé depuis plusieurs années dans l'organisation de l'établissement. La société anonyme « Société nouvelle hôpital Varsovie », à laquelle l'Amicale céda ses équipements fut créée par acte notarié le 6 janvier 1951. Le 20 juillet 1955 fut constituée l'association à but non lucratif des « Amis de la médecine sociale », chargée de la gestion de l'hôpital. Le 3 novembre 1976, par décret interministériel, l'hôpital Joseph-Ducuing fut intégré au service public hospitalier. Enfin, par arrêté préfectoral du 12 avril 1982, la « Société nouvelle hôpital Varsovie SA », qui était encore propriétaire des bâtiments de l'hôpital, se dissout après avoir fait don de tous ses biens à l'association « Les Amis de la médecine sociale ».

L'opération Boléro - Paprika
1950: un épisode peu glorieux et trop méconnu

Le volet « Bolero » de l’opération visait des communistes espagnols (ou présumés tels) qui devaient être déportés en Corse ou Algérie (en principe). Le volet « Paprika » visait des communistes d’autres nationalités qui devaient être expulsés « vers les frontières de l’Est » (in fine : URSS, Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie, Allemagne de l’Est). En fait, au 9 septembre, les archives policières dénombrent 288 arrestations : 177 Espagnols, 59 Polonais, 14 Soviétiques, 13 Italiens, 6 Hongrois, 5 Tchécoslovaques, 4 Grecs, 4 Roumains, 4 apatrides, 2 Bulgares. 61 Espagnols furent dirigés vers la Corse, 84 vers l’Algérie, 32 vers « les frontières de l’Est ». 

L’Espagne franquiste suit l’opération de près : dés le 8 septembre la nouvelle des arrestations de la veille paraît dans Arriba, La Vanguardia et le Diario de Barcelona. 
Parmi les personnes visées par la rafle mais qui y échappèrent on peut noter : Francisco Antón, Santiago Carrillo, Fernando Claudín, Luis Fernández, Ignacio Hidalgo de Cisneros, Enrique Líster, Vicente López Tovar, Antonio Mije, Vicente Uribe. Courant 1951, 13 autres communistes espagnols furent déportés en Corse (dont Sebastián Piera, témoin toujours vivant et actif, voir note 1 ci-dessus). Les 18 et 20 juin 1951, 2 navires polonais emportèrent 57 des déportés espagnols de Corse vers la Pologne, la Hongrie, la Tchécoslovaquie. Le 2 juillet 1951 un autre navire polonais embarqua 54 des déportés espagnols d’Algérie. Pour ceux qui restèrent en Algérie ou en Corse la liberté demeura restreinte longtemps. C’est ainsi que Sebastián Piera et son épouse Trinitat Revoltó durent pointer tous les dimanches à la gendarmerie pendant dix-sept ans

Peu avant la rafle, le gouvernement avait interdit les publications suivantes : Nuestra Bandera, Lluita, Mujeres Antifascistas, El Obrero Español, Juventud, Solidaridad Española, Partidarios de la Paz, Euskadi Roja. Mundo Obrero. Au moment de la rafle sont déclarées dissoutes et illégales un certain nombre d’organisations dont : le PCE, le PSUC, le PC d’Euskadi, Los Amigos de Mundo Obrero, Las Mujeres Antifascistas, Las Juventudes Socialistas Unificadas de España, Solidaridad Española et l’Amicale des Anciens FFI espagnols, première forme de notre Amicale actuelle. 

Le gouvernement qui a commis ces méfaits, en place depuis juillet 1950, était présidé par René Pléven (UDSR : Union Démocratique et Socialiste de la Résistance) ; il tomba en mars 1951. Il comprenait 22 ministres et 11 secrétaires d’État répartis comme suit : 9 socialistes (Guy Mollet, Jules Moch, Pierre Olivier Lapie, Gaston Deferre, Albert Gazier, Pierre Métayer, Eugène Thomas, Max Lejeune, Lucien Coffin), 9 MRP (Mouvement Républicain Populaire : Jean Letourneau, Robert Schuman, Jean-Marie Louvel, Pierre Pfimlin, Paul Bacon, Pierre Schneiter, André Monteil, Robert Buron, Jules Catoire), 8 radicaux (Rassemblement des Gauches Républicaines : René Mayer, Henri Queuille, Edgar Faure, Charles Brune, Paul Giacobbi, Maurice Bourgès-Maunoury, André Maroselli, André Morice), 4 PRL (Parti Républicain de la Liberté : Maurice Petsche, Antoine Pinay, Louis Jacquinot, André Guillant), 3 UDSR (outre René Pléven : Eugène Claudius-Petit et François Mitterrand). Les responsabilités de ces hommes et partis, quant à l’affaiblissement de la lutte contre la dictature en Espagne, et donc sa pérennisation, ne doivent pas être oubliées.


Exécution de Salvador Puig Antich
par le régime franquiste en 1974

Salvador Puig Antich fut exécuté par le régime franquiste après avoir été condamné par un tribunal militaire pour le meurtre à Barcelone d'un membre de la garde civile, Francisco Anguas Barragán.

Son exécution, le 2 mars 1974 à la prison Modelo de Barcelone, fut la dernière effectuée en Espagne (et dans le monde) par strangulation, à l'aide d'un garrot («garrote vil» en Espagnol).

En 2006, le film Salvador, réalisé
par Manuel Huerga, relate la vie de Saladvor Puig i Antich depuis sa période d'activité au sein du MIL jusqu'à son exécution.